dimanche 2 mars 2014

Entre la Beauce et les Alpes... le Massif Central !


Entre la Beauce et les Alpes, il y a des degrés, des nuances ; et j'ai toujours tenu pour des esprits sommaires ceux qui opposent la blonde mouvance des champs de blé caressés par le vent à la torrentueuse majesté des monts. Neige ou moissons ? Sapins, pâturages ou grand tapis des cultures ? Âpreté d'un sol tourmenté, rudes escalades, cimes arrogantes ou monotonie des labours sans fin ? Entre ces extrêmes, il y a presque toute la France, patrie des vallons, des pentes douces, des forêts, des collines, du moutonnement des crêtes et du galop des rivières. 
Si cependant on me force à choisir entre la route droite et plane où le vent vous guerroie, et la côte infiniment dure et longue qui vous conduit du tumulte de la ville à la paix nivéenne des cimes, évidemment je n'hésite pas ; et mes préférences iront à l'Alpe, encore que je lui préfère le pays des volcans ou celui des bruyères, et tous ces plateaux et tout ce sol convulsé du Centre de la France qui, de Brive à Lyon ou de Clermont à Nîmes, du Limousin au Rouergue, du Velay à la Margeride ou au Gévaudan, constitue le plus inépuisable des réservoirs à surprises et dispense à nos yeux des allégresses et des enchantements sans fin.
Henry de la Tombelle, Manuel de Cyclotourisme, 1943

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