samedi 22 août 2015

Paris-Brest-Paris 2015 épisode 1

C'est le grand jour !
Devant le Vélodrome national à St-Quentin-en-Yvelines. Après avoir regardé, en compagnie de ma mère et de mon frère, les départs des cadors, des vélo spéciaux et des groupes qui me précèdent, je rejoins la zone de rassemblement par groupe.

On se met en place pour le départ.

Mon box c'est le L, celui de ceux qui partent à 18h30. Délai 90h. Ce qui m’amène selon mon carnet de route à 11h15 le jeudi. Il y a quelque chose qui m’échappe dans le calcul, mais bon...

Dès les les premiers tours de roue dans St Quentin en Yvelines ça part fort, stress et enthousiasme mêlés. On nous l'a pourtant bien appris à l'école, en classe de longue distance, qu'il ne faut pas partir trop vite. On nous faisait même réciter "Le lièvre et la tortue"... Mais ce soir, avec le soleil couchant face à nous et Paris dans notre dos, nous nous voulons lièvre bondissant. En quelques coups de pattes véloces nous nous échappons de l'Île-de-France et de son extension semi rurale qu'est l'Eure-et-Loir. Nous voilà dans l'Orne. La nuit est noire, sans lune. Un long ruban fait de centaines de lampes rouges s'étire à l'infini devant nous.

On est enfin ailleurs. ça y est on est vraiment parti. Après un bon moment à rouler dans le silence, je trouve un petit groupe avec qui rouler et discuter, dont un Ariégeois très sympa. Le temps passe vite en bonne compagnie. Nous arrivons à Mortagne au Perche, première escale.

J'avais prévu de ne pas m'y attarder, j'y reste 50 mn. Je prends le temps de manger un bout et de refaire un branchement sur mon éclairage. Le vortex temporel qu'on appelle "pause" est à l'oeuvre. Je ne sais pas lutter. ça me demanderait un état d'esprit de coursier que je n'ai pas envie d'avoir. Je repars dans la nuit avec la ferme intention de baisser ma moyenne. Les 28 km/h des premiers 140 km me semblent excessifs. D'autres étaient à 30 ou 32 km/h. Les cadors qui roulent pour la gagne ont rejoint Mortagne à 40 à l'heure. Je trouve un habitué de l'épreuve qui roule sagement et qui me raconte ses différents PBP.

Nous cheminons ainsi ensemble jusqu'à Villaines la Juhel. C'est la Mayenne, c'est le premier contrôle, c'est une cohue impressionnante. Je décompresse en prenant un café accompagné d'un flan et d'un pain au chocolat. Ah le p'tit dej de 4h21 !

Peu de temps après être reparti le soleil se lève et nous entrons en Bretagne. Je vais y passer un bon bout de temps.

C'est une belle journée qui commence. Nous avons une météo invraisemblablement favorable : peu de vent, pas de chaleur excessive l'après-midi, pas de froid glacial la nuit.

Je passe le contrôle de Fougères à 9h09. Je ne m'arrête pas longtemps car j'avais déjà pris un deuxième petit déj dans un café sur la route.

Au contrôle de Tinténiac il est 11h40. Il est pas encore midi mais il y a un self, alors on va dire que c'est l'heure de manger.

Entre Tinténiac et Loudéac je fais des rencontres sympas avec qui il est agréable de faire un bout de route. D'abord Nikki une anglaise qui roule en randonneuse. Ensuite un breton qui roule régulier. Nous nous sommes tous les deux arrêtés chez des gens qui avaient installé un auvent et qui offraient de l'eau, du café et des petits gâteaux. Il commençait à faire chaud et cette pause à l'ombre était la bienvenue ! C'est certainement un des côtés les plus enthousiasmants de PBP, ces gens qui proposent spontanément et avec le sourire de nous ravitailler ! Et puis il y a aussi tous les spectateurs sur le bord des routes, qui nous applaudissent et nous encouragent. Si on rajoute à cela le dévouement des innombrables bénévoles, nous comprenons que nous participons à une grande kermesse !
Pour ce qui est de mon cas particulier, je ne suis plus vraiment à la fête. J'ai des inflammations bizarres au-dessus des chevilles qui ne cessent d'enfler. Et surtout, ça fait très mal. Comme si un esprit malin me donnait un coup de pied dans le bas des tibias à chaque tour de pédalier. Un Korrigan à n'en pas douter ! Serait-ce le début d'un calvaire ? Dans quoi me suis-je fourré ? Le fait qu'il y ait quatorze contrôles comme les quatorze stations du Chemin de Croix aurait dû me mettre la puce à l'oreille...
Malgré cela, pour le moment je passe les bosses sans problème. Avec plaisir même. La Bretagne est faite pour les grimpeurs ! Au self de Tinténiac un Breton m'avait averti de la difficulté exceptionnelle de la côte de Bécherel... Je la passe en m'amusant : "une bosse ? quelle bosse ?"

Après le contrôle de Loudéac nous croisons les "cadors" sur le chemin du retour. La preuve qu'ils vont vite, ils sont flous sur la photo !
Progressivement dans cette portion je commence à me lasser des bosses et à m'user moralement. Les muscles répondent encore très bien, mais le korrigan ne me laisse plus de répit et mes jambes sont en feu. En plus de cela je commence à avoir sérieusement le fessier irrité. Je crois que le moment où j'ai eu le moins de lucidité sur ce Paris-Brest, c'est quand, quelques jours avant le départ j'ai acheté une crème anti-frottement au lieu de ma pommade habituelle. Une erreur que je n'arrive toujours pas à m'excuser aujourd'hui !
Contrôle à Carhaix à 21h18, 525 km au compteur.
C'est donc dans un état lamentable que ma compagne me trouve à la sortie de Carhaix où elle est venue me faire le ravitaillement du soir en voiture. Je suis au bord de craquer moralement et je me vois difficilement repartir. Même marcher devient une torture. Pour le moment je vais dormir quelques heures.
Vais-je recouvrer un semblant de dignité ? vais-je reprendre la route pour rallier Brest ? Vous le saurez dans le prochain épisode !

                      à suivre...

4 commentaires:

  1. Super récit , on retrouve bien cette ambiance de folie , Bravo!!!!!

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    1. merci Gillou, j'essaie aussi que ce soit marrant à lire...

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  2. oh la vache... même quand on connait l'histoire c'est pas marrant ton truc...

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