dimanche 23 août 2015

Paris-Brest-Paris 2015 épisode 2

J'arrivais le lundi soir à Carhaix dans un sale état physique et moral, à cause de douleurs inexpliquées au bas des tibias. Noëmi, qui est en vacances chez ses parents dans le Finistère, me fait le ravitaillement à Carhaix à l'aller et au retour. Son soutien moral est évidemment très précieux ! Merci à elle d'avoir participé à cette aventure ! Un bon repas et un sommeil récupérateur au calme dans la voiture me permettent de reprendre mes esprits. J'ai dormi un bon cycle, réveillé juste avant le réveil. Il est 4h du matin et j'ai la patate ! J'ai envie de le faire ce Paris-Brest-Paris ! j'avale un petit-déj à base de riz au lait et je reprends la route. Je crois que ce n'est pas le mental qui me permet de surmonter la douleur, c'est la ferveur ! Plus que dans la tête c'est dans le cœur que ça se passe...
Lorsque je suis passé au Roc'h Trévézel il faisait encore nuit. Là c'est une photo prise par Noëmi lorsqu'elle a repris la route au petit matin.

Après une descente un peu fraîche dans l'humidité de l'aube, puis quelques bosses, j'arrive au pont Albert Louppe. Cela fait quelques kilomètres que je roule avec un gars très sympa de Dinard qui souffre des cervicales. Moi mes jambes me laissent pour le moment relativement tranquille.

Enfin le contrôle de Brest ! 38h15 depuis le départ et 615 km. Bon je suis encore dans le délai pour un BRM ! Je retrouve Nikki, qui elle a roulé dans la nuit jusqu'à Brest et vient de dormir quelques heures. Elle semble avoir un sacré mental ! On ne se reverra pas mais j'ai vu quelle était bien arrivée.

En repartant de Brest je rejoins Brigitte, la Renarde de la Drôme, dont j'avais fait la connaissance sur le 600 de Grenoble en 2014. ça fait du bien de croiser une connaissance et de discuter ! nous nous faisons une halte à une terrasse sur la place centrale de Sizun. Nous repartons un temps ensemble, puis chacun à notre rythme.

Puis c'est le passage des Mts d'Arrée. Je me régale dans cette montée ! En plus il est bon pour le moral de se savoir sur le retour. Les panneaux indiquent dorénavant "Paris" et non plus "Brest" et ce n'est pas rien !
Retour à Carhaix, ou ma petite famille m'attend pour un pique-nique en bord de route. On mange en regardant les cyclos passer. C'est marrant d'être dans la peau d'un spectateur pendant quelques minutes !
Il est temps de repartir. Des gros bisous et je reprends la route. Je me rends compte qu'avec mes jambes enflées et rosées qui me font mal je ne pourrai pas tenir les horaires de ma feuille de route. Je lâche prise de ce côté-là, l'important c'est d'arriver et de profiter du moment présent.
Je me ménage en m'arrêtant régulièrement. ça soulage les jambes et le contact avec les gens du coin réconforte.
Entre Carhaix et Loudéac je trouve un groupe de Catalans avec qui rouler. On s'amuse comme des gamins dans les bosses. On monte fort et on descend à bloc. Qu'est-ce que ça fait du bien ! Le comble pour moi c'est que, à cause de mes douleurs aux jambes je roule la plupart du temps "en-dedans", donc musculairement je suis en pleine forme. ça peut sembler dingue mais je vais faire tout le PBP sans courbatures. Pour le moment je suis trop content de rouler, alors les coups de pieds dans les tibias des korrigans je passe outre !

Et en plus de ça les gars sont super sympas ! Manuel (en bleu) parle français, on peut donc vraiment échanger. La plus belle rencontre de mon Paris-Brest-Paris !
Moltes gràcies les gars !

Après le Contrôle de Loudéac nous continuons ensemble jusqu’à Tinténiac. Nous y arrivons à 1h04. Les Catalans qui se sont regroupés à quatre décident de passer une nuit complète et de repartir à 7h. Pour ma part, je ne suis pas sûr de dormir autant et il y a 1 heure d'attente pour le dortoir. On se souhaite bonne nuit et bonne route et je vais faire un somme dans le self. Il y fait chaud et la moquette est accueillante.
Au bout d'un certain temps non déterminé je me réveille en sursaut. Puisque me voilà réveillé autant se préparer à repartir.
La route de nuit jusqu'à Fougères est laborieuse. Mes jambes sont vraiment enflées et ça commence à m'inquiéter sérieusement. Lorsque j'enfonce le doigt, la marque reste. Pas cool !
A Fougères, au petit matin du mercredi, je refais un somme. Des tatamis sont disposés dans le gymnase, ce qui me semble le meilleur système de couchage, plus simple que les dortoirs.
Bon maintenant, si je ne veux pas que cette belle aventure s'arrête, il va falloir que je m'occupe sérieusement de ce problème aux jambes. Dans chaque contrôle il y a une infirmerie pour la santé des cyclistes et un vélociste pour la santé de leur monture. Ma randonneuse se portant comme un charme, c'est le médecin que je demande à voir. J'attends une bonne 1/2 h dans le local des bénévoles car il est en vadrouille et n'a pas son portable. Peu importe, de toute façon j'ai besoin de me reposer. Les bénévoles sont très sympas et de bonne humeur. L'attente n'est donc pas désagréable. Il y a là un type qui abandonne et se renseigne sur le moyen de rallier Paris. Il n'a qu'un souci en tête : les copains qui le suivent sur Strava et qui vont se foutre de lui... Un autre cyclo attend également le médecin pour un problème critique  au fondement. Une bénévole lui propose de s'asseoir en attendant l'arrivée du médecin.
"- ça ira merci"
"- Si si allez-y il y a des chaises"
Une autre bénévole : "- Je crois que le monsieur ne peut pas s'asseoir..."
On rigole un peu. Il faut bien dédramatiser.
Enfin le médecin arrive et m'ausculte.
"- Ce n'est pas grave, ce sont des œdèmes, vous allez avoir les jambes comme des poteaux et vous ne verrez plus vos chevilles mais ça va aller. En tout cas vous semblez encore bien frais."
Il m'explique le processus physiologique des œdèmes (j'ai pas tout retenu) et me fait une ordonnance pour des "bas varice", pardon ! quand on est un sportif il faut dire "chaussettes de contention". Je n'avais jamais fait d’œdème, pas de chance que ça me tombe dessus maintenant...
Je reprends la route. Je ne trouve pas de pharmacie dans la traversée de Fougères et je n'ai pas envie de faire des détours dans la ville. On verra plus loin.

Adieu Bretagne bien aimée, bienvenue en Mayenne ! Pour célébrer le changement de pays, de langue, etc. je m’arrête à la mondialement célèbre "Tannière". J'y déguste une crêpe à la confiture, un bol de riz au lait et un café. Me voilà lesté ! Je n'oublie pas d''emporter le petit papier avec l'adresse pour envoyer une carte postale.
Après 35 km depuis Fougères, je trouve une pharmacie à Gorron. Là je suis pris en charge par le pharmacien, un sportif qui fait de la longue distance en course à pied. Il est aux petits soins avec moi. Il me masse les œdèmes puis me met les chaussettes de contention. Quel soulagement ! Je peux remarcher à peu près normalement. Il me raccompagne jusqu'à mon vélo et me souhaite bonne route. Merci beaucoup monsieur le pharmacien pour votre gentillesse et votre attention !
Eh bien voilà, je repars direction le contrôle de Villaines-la-Juel. Au niveau timing je suis complètement à la rue. Maintenant je me dis que je vais me balader en surveillant les horaires de fermeture des contrôles.
Mes jambes, grâce aux chaussettes de contention vont-elles moins me faire souffrir ? Les douleurs aux fesses qui s'accentuent ne vont-elles pas m'handicaper ? Vais-je réussir à gérer le manque de sommeil ?
Tout cela vous le saurez en lisant le troisième et dernier épisode !

                          à suivre...

4 commentaires:

  1. tu es fort dans ta tête, tu viens de le prouver. Alors si tu n'as pas de pépin mécanique ça va aller ua bout c'est évident

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    1. Comme je le dis à un moment, j'étais peut-être fort dans la tête, mais c'est plutôt du côté du coeur que ça s'est passé. L'enthousiasme ne m'a pas quitté jusqu'au bout !

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  2. Réponses
    1. c'est plus marrant avec du suspens, et puis c'était pas gagné cette histoire...

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